Mise en page
Blanc tournant
C’est le blanc que l’on laisse autour de la partie imprimée et le bord de la page, ce sont les marges autour de la mise en pages du texte et des illustrations.
Les petits fonds et grands fonds
Le petit fond correspond à la marge intérieure des pages. Il est à gauche sur les pages impaires et à droite sur les pages paires. Il est toujours plus petit que le grand fond, qui lui est la marge extérieure des pages. Cette règle vise à centrer le regard du lecteur à l’intérieur du livre.

Si vous voulez scrupuleusement respecter les règles de la mise en page, la justification de votre texte devra occuper les deux tiers de la largeur du livre. C’est ce que préconise le Canon des ateliers dans la version dite de luxe c’est-à-dire celle qui comporte les plus beaux blancs. Avec la reliure allemande, il est préférable de privilégier cette version pour les raisons expliquées ci-dessus. Si la largeur du livre mesure 5,25 pouces, le texte sera justifié sur 3,5 pouces. Si vous voulez gagner de la place pour que votre livre comporte moins de pages, vous pourrez toutefois utiliser la version dite Imprimé courantoù la justification occupera les trois quarts de la largeur du livre. Nous ne vous présenterons ici que les calculs de la version de luxe qui est incontestablement la plus élégante.
En ce qui concerne la répartition entre petit fond et grand fond, vous trouverez toutes sortes de méthodes. Elles se basent en général sur des suites de chiffres de type 1, 1, 2, 3, 5, 8 où les chiffres s’additionnent deux à deux pour produire le chiffre suivant (1+1=2, 1+2=3, 2+3=5 et 3+5=8). Dans ce cas, le petit fond sera égal à 2, le blanc de tête à 3, le grand fond à 5 et le blanc de pied à 8. D’autres préféreront la série 2, 3, 4, 5 ou 2, 3, 4, 6.
En ce qui nous concerne, nous avons choisi la série 4, 5, 6, 7. Les chiffres 4 et 6 étant réservés pour le calcul du petit et du grand fond, 5 et 7 pour le calcul des blancs de pied et de tête. Cette méthode est inspirée de l’ouvrage de Pierre DUPLAN & Roger JAUNEAU, Maquette et mise en page, Éditions du Moniteur, Paris, 1986.
Voici la règle de calcul que nous préconisons :
- Justification² du texte = largeur du livre x (2/3)
- Le blanc restant à répartir = largeur du livre x (1/3)
- Petit fond = blanc à répartir x (4/10)
- Grand fond = blanc à répartir x (6/10)
Une méthode plus souple : la construction en lignes
Vous pouvez aussi dessiner les diagonales comme sur le dessin ci-dessous. Cette méthode vous donnera plus de latitude pour répartir vos blancs de façon différente, mais il est probable que vous ne vous éloignerez pas tellement des règles indiquées ci-dessus.

La grille de mise en page
La grille de mise en page a été théorisée par le graphiste suisse Joseph Muller Brockmann dans les années 1960, notamment dans son ouvrage Grid Systems in Graphic Design. Elle permet de découper le format dans sa largeur (et plus tard dans sa hauteur) en plusieurs parties égales, séparées par des espaces verticaux. L’usage des colonnes ainsi créées permet de travailler avec des « zones », proportionnelles entre elles, ce que l’œil du lecteur perçoit immédiatement.
Pour consulter l’ouvrage, c’est ici : Grid Systems in Graphic Design
Primordialement, il faut considérer la lisibilité du texte. Une ligne est constituée d’un certain nombre de signes, espace compris. Si la longueur de la ligne (on parle de sa « justification ») est trop longue, l’œil se fatigue beaucoup plus vite. Au-delà de 60 à 80 signes, la longueur devient trop importante et l’œil se décourage. Bien qu’elle ne soit pas la seule composante de la lisibilité, la grille, et donc l’agencement dans la page qu’elle sous-tend, contribue grandement à la lisibilité. Le retour à la ligne imprime un rythme à la lecture. Il opère des relances naturelles qui permettent de garder la concentration du lecteur. Mais ce n’est pas tout. Un pavé de texte composé en justification courte semble plus « digeste » que le même texte composé en justification longue.

Gouttières
La grille permet, par ses gouttières (espace entre chaque colonne), de faire circuler les blancs dans la page. Et cette respiration est cruciale, notamment lorsque la quantité de texte mise en page est importante. Pourquoi ? Tout simplement parce que les blancs segmentent l’information et permettent de faire respirer la page. Si l’on ajoute aux gouttières qui séparent les colonnes les sauts de lignes et sauts de paragraphes, on obtient naturellement une circulation des blancs qui rythme la page.

Le rythme
Comme en musique, le rythme est un élément constitutif de la mise en page. L’une de ses particules élémentaires, au même titre que le contraste ou la perception colorée. Mais le contraste est la notion qui amène le rythme. Car comment rythmer sans faire dialoguer les opposés. Noir / blanc, ombre / lumière, chaud / froid, rapide / lent, etc. Mais qui dit rythme, dit aussi répétition, cycle et, partant, ordre. Car comme l’écrit si bien Adrien Frutiger, dans « l’Homme et ses signes », l’ordre est partout de l’infiniment petit à l’infiniment grand. Aussi convient-il de s’en préoccuper, au minimum, voire de chercher à le maîtriser.
Or qu’est-ce que le rythme si ce n’est le rapport entre le fragment et le tout, entre la partie et totalité ? On n’imagine pas une musique qui changerait huit fois de rythme. La même règle est vraie pour la mise en page : la grille qui est la trame du rythme ne doit pas être changée au gré de la mise en page, au risque que l’ensemble ne devienne épileptique. Mais allons plus loin : la grille, comme le tempo, est le cycle invisible qui sous-tend l’ensemble de la structure. Elle se divise proportionnellement, se marque ou ne se marque pas, se fusionne, se syncope, etc. Il est important de s’en souvenir lorsque l’on compose.


Grille multi-colonnes
Simple grille qui divise dans sa largeur. On trouve régulièrement des grilles de deux à douze colonnes. Quelques fois, seize colonnes, et plus rarement vingt-quatre. Voici une cinq colonnes qui permet de positionner les contenus en gardant un rapport asymétrique de la page.

Grille modulaire
La grille modulaire est un découpage du format en plusieurs modules, en général rectangulaires. Ces modules sont ensuite utilisés par 1, 2, 3, 4 etc. Cette grille permet non seulement de segmenter le contenu dans la largeur mais aussi d’avoir des points de repères dans la hauteur de la page.
